Protection de la vie privée : le double langage de Facebook

Publié le par Sécurisons les réseaux sociaux

[ 22/12/09  ]

http://www.lesechos.fr/info/metiers/020272154243-protection-de-la-vie-privee---le-double-langage-de-facebook.htm

Les responsables de Facebook multiplient les initiatives pour protéger les données et la sécurité de leurs abonnés. Mais dans les faits, plusieurs problèmes subsistent.


C'est l'arroseur arrosé ! Le 9 décembre dernier, Facebook a demandé à ses 350 millions d'utilisateurs de mettre à jour leurs paramètres de confidentialité protégeant leurs informations (adresse, date de naissance, liste d'amis, photos, vidéos…) affichées sur ce réseau social. Officiellement, le site californien voulait offrir à chacun « la possibilité de personnaliser l'audience de [ses] contenus » . Il y a cependant un hic : avec les nouveaux paramètres par défaut, tout, ou presque, devient public ! Et, comme l'a révélé le site américain Gawker-ValleyWag, même Mark Zuckerber, le fondateur de Facebook, s'est fait avoir. Quelque 300 de ses photos jusqu'alors réservées à ses amis sont soudain devenues accessibles à tout le monde.

Ce n'est pas la première fois que Facebook joue avec le feu sur la question de la vie privée. Déjà, en 2007, ses responsables avaient voulu lancer un programme publicitaire, Beacon, qui suivait les utilisateurs sur des sites Web externes à Facebook et avertissait leurs amis de leurs agissements (« Jean a acheté un vase sur eBay », par exemple). Plusieurs utilisateurs avaient porté plainte. Le réseau social a signé un accord avec eux en septembre dernier. Il s'est engagé à créer une fondation, dotée de 9,5 millions de dollars (6,5 millions d'euros), qui financera des projets « assurant la promotion de la vie privée et de la sécurité en ligne ». « Ce projet suit son cours, explique Richard Allan, représentant de Facebook en Europe. Il doit être approuvé par un juge américain, fin février 2010. »

Sur ces problèmes de respect de la vie privée, Facebook doit composer entre les exigences de ses abonnés et les demandes de ses clients. « Notre modèle économique repose sur la publicité, rappelle Richard Allan. Mais nos annonceurs n'ont jamais directement accès à nos fichiers. Ils peuvent juste envoyer leurs publicités à une liste de prospects rendus anonymes par nos soins. » Même anonymisées, ces informations intéressent beaucoup de monde. En France, selon le baromètre comScore Ad Metrix de septembre 2009, Facebook a été le site affichant le plus grand nombre de bandeaux publicitaires (par opposition aux liens sponsorisés) : il aurait absorbé plus de 10 % des 61,6 milliards de bannières publiées sur le Web français.

La sécurité en question

Autre problème que doit résoudre le réseau social : la sécurité des comptes. Récemment, des utilisateurs ont vu leurs identifiants piratés, tandis que des virus ont envoyé des insultes à tout le carnet d'adresses de certains comptes. Les responsables du site ont donc demandé à cinq organisations nord-américaines et européennes (Common Sense Media, ConnectSafely, WiredSafety, Chilnet International et Family Online Safety Institute) de les aider à améliorer leur sécurité.

Mais la principale source de problèmes demeure, pour Facebook, les applications (jeux, retouche de photos…) développées par des tiers. Premier souci : certaines applications n'hésitent pas à utiliser des termes salaces pour recruter des utilisateurs. Ce fut le cas, par exemple, il y a quelques semaines pour Zoosk, un service de rencontres sur Facebook, qui avait publié une annonce très agressive. Le problème a été traité à la source. « Nous avons arrêté de travailler avec un chargé de marketing, qui avait utilisé des slogans inappropriés », reconnaît Shayan Zadehn, fondateur de Zoosk.

Second souci : l'utilisation des données personnelles des abonnés à ces applications. Ainsi, les noms des internautes qui ont cliqué sur la publicité de Zoosk peuvent être utilisés par Facebook pour vanter les mérites de ce site de rencontres. Les explications de Richard Allan font froid dans le dos : « L'application Zoosk a plus de 6 millions d'inscrits, ce qui veut dire que toutes ces personnes ont cliqué pour y accéder, à un moment donné, détaille-t-il. Mais cela ne signifie pas qu'elles ont ensuite laissé leurs coordonnées pour s'inscrire au site Internet Zoosk et qu'elles cherchent activement des rencontres. Elles peuvent avoir vu une publicité ou avoir reçu une invitation de quelqu'un d'autre pour accéder à l'application, puis cliqué pour regarder le site Internet, vu l'écran d'enregistrement au service Zoosk et être allées vers une autre page sans s'inscrire. Elles ont été ainsi répertoriées comme utilisateurs de l'application -et non du site Internet -et leurs noms apparaissent lorsque leurs amis jettent un coup d'oeil sur l'application Zoosk sur Facebook. » Moralité, sur Facebook, il faut aussi faire attention aux liens sur lesquels on clique !

JACQUES HENNO, Les Echos
http://www.lesechos.fr/info/metiers/020272154243-protection-de-la-vie-privee---le-double-langage-de-facebook.htm


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