Écrit par Bertrand Terreux

Publié le par Sécurisons les réseaux sociaux

PDF Imprimer Envoyer
Écrit par Bertrand Terreux   
Vendredi, 18 Décembre 2009 13:06

http://www.ielovepme.com/innovation/394-sensibiliser-les-etudiants-et-les-chefs-dentreprises-a-la-contrefacon.html

Tags: contrefaçon | Création | Design | INPI | Peugeot | Renault | UNIFAB


Le 9 novembre 2009, Nicolas Minvielle professeur de marketing, design et création de l’école de management Audencia, à Nantes a mené une action choc auprès d’étudiants et de chefs d’entreprises.


500 capots et plus de 300 phares contrefaits ont été passés à la moulinette. IE Love PME l’a rencontré afin d’aborder les problématiques de la protection de la propriété intellectuelle et du design.

Bertrand Terreux: Quelle était le but de votre action ?

Nicolas Mavielle: L’objectif était de sensibiliser les PME-PMI et les étudiants. Les étudiants ne sont pas réceptifs aux danger de la contrefaçons pour certains d'entre eux, c'est presque un sujet d'amusement. De même, les PME-PMI ont tendance à croire que la contrefaçon touche uniquement les grands groupes, ce qui est totalement faux, la totalité des secteurs et des typologies d'entreprises étant touchées.

 


BT: Comment avez-vous mené votre action ?


NM: J’ai contacté l’INPI, l’Union des Fabricants, PSA et Renault. Renault nous a fourni des copies de pièces automobiles sur lesquelles nous avons fait passer un rouleau compresseur pour les détruire et dans le même temps, marquer les esprits. L'INPI et l'UNIFAB quant à eux ont permis de mettre en place une exposition extrêmement parlante et d'animer la conférence sur des thèmes beaucoup plus larges que ceux normalement traités. On peut donner ici l'exemple des problématiques de traçabilité.

BT: Quel était le message ?

NM: Le message était d’amener les entreprises à se défendre en cas d'identification de produits contrefaits. Parmi les conférenciers se trouvaient deux PME qui n'avaient pas les moyens de grands groupes mais qui pour autant avaient une politique très agressive de défense de leurs droits.

BT: Quel conseil donneriez-vous aux entreprises ?

NM: Avant toute chose, il faut définir une stratégie en amont afin d’éviter de se retrouver avec un produit sur le marché et aucune possibilité d’intervenir.
A ce titre,  je conseille fortement  de prendre contact avec l’INPI et de  bénéficier d'outils tels que le pré-diagnostic.

BT: Le gouvernement a mis en ligne un portail dédié au design. Les entreprises françaises sont-elles en danger en ce qui concerne leur créativité ?

NM: Effectivement, en France, le design n’est pas reconnu et les produits sont peu protégés. Les entreprises pensent que cela coûte cher. C’est une problématique clé et il est temps que le message provienne de l’Etat et non des praticiens, car celà a encore été trop perçu comme étant lié à des pratiques de lobbying.


BT: Quel est l’importance du design en France ?

NM: Nous ne sommes plus compétitifs sur l’industrie lourde. Cependant, nous possédons un haut niveau de création reconnu dans le monde. Aujourd’hui, les entreprises doivent communiquer sur le design «Made in France» pour capitaliser sur cette image de marque.
BT: Quelle est l’attitude des consommateurs face à la contrefaçon ?

NM: Pour beaucoup, «la contrefaçon» ce n’est pas grave c’est même drôle. Cette attitude favorise le développement de cette activité avec des conséquences potentiellement extrêmement graves. On garde ainsi à l'esprit le fait que des plaquettes de freins contrefaites en gazon ont été saisies. Imaginez les dégâts si elles avaient été posées sur une voiture!

Régulièrement, sont aussi saisis des liquides contrefaits. Les contrevenants utilisent les bouteilles vides pour réinjecter un liquide potentiellement dangereux qui sera vendu au prix du marché. Et ces pratiques existent dans le reste e l'alimentaire aussi, même si l'on parle que très peu.

Ces pratiques sont transposées dans l’aéronautique, l’automobile, l’agroalimentaire etc....

Il n’existe pas uniquement une contrefaçon B to C mais B to B. Par exemple, des lots de chasse d’eau contrefaites ont été référencées par un grand distributeur. L’entreprise qui produit ce système n’a pas souhaité porter plainte contre le distributeur craignant de se faire  déférencer. Par conséquent, elle a demandé le sourcing pour attaquer l’entreprise qui a vendu ces produits au distributeur.


BT: Combien peut coûter une action en justice ?

NM: Il n’y a pas de limite! C’est pourquoi, il faut prévenir toute action en justice. Cela passe par le choix du produit à protéger et les outils qui vont être utilisés.

Par exemple, Décathlon a eu pendant longtemps une politique de protection orientée sur le droit d’auteur et donc la créativité des designers mais pas sur les dessins et modèles. Après avoir perdu un procès, Décathlon a changé sa stratégie et dépose maintenant  les dessins et modèles.

Cependant, il est possible d’entamer une négociation. Dans ce schéma, on fait parvenir une lettre par l’intermédiaire d’un avocat et on observe la réaction du contrefacteur. On en parle peu, mais ces approches dites transactionnelles portent très souvent leurs fruits.

BT: Quel est le coût d’une stratégie élaborée en amont ?

NM: La propriété intellectuelle et la protection du design ne coûtent pas si cher. Il existe de nombreux outils et il convient surtout de correctement ventiler leur usage. A titre d'exemple, une entreprise peut réaliser un dépôt simplifié c’est à dire, déposer une centaine de produits mais ne protèger que ceux qui marchent, au vu des vents quelques mois plus tard.

BT: Existe t-il des freins à la contrefaçon ?

NM: Un dés freins est la réputation de protéger et d’attaquer, ce qui génère une forme de paix. En d'autres termes, il est absolument nécessaire de réagir de manière extrêmement rapide et systématique à la contrefaçon.

BT: Avez-vous un cas à nous présenter ?


NM: L’entreprise Wirquin a perdu le marché de la chasse d’eau en Tunisie du jour au lendemain. Son dirigeant a mené une action en justice en Tunisie, il a obtenu la sortie des produits contrefaits sur le marché et a regagné 100 % du marché.


Dans ce cas, se défendre sur une contrefaçon, s’est révélé être un effet de levier dans le développement de Wirquin à l’international.

Source:

Le Monde, A Nantes, un enseignant de choc sur la contrefaçon, Yan Gauchard

http://www.ielovepme.com/innovation/394-sensibiliser-les-etudiants-et-les-chefs-dentreprises-a-la-contrefacon.html


Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article