Le « smartphone », le cadre et la sécurité de l'entreprise
[ 15/01/10 Les Echos ]
Réseaux sociaux, services de partage de fichiers ou « smartphones » peuvent faire courir des risques aux entreprises, selon l'Economist Intelligence Unit. Pour les prévenir, il importe de former les salariés.
Difficile pour les employeurs de contrôler l'utilisation par les salariés des sites informatiques de partages de données, des réseaux sociaux, des « smartphones » et ordinateurs portables. Cela l'est d'autant plus que le télétravail se développe et que la génération née à la fin des années 1970 (dite « Y »), férue de nouvelles technologies, prend du poids dans l'entreprise. Mais, face à l'accentuation des craintes de pertes de confidentialité, la question de consentir ou non un plus grand degré de liberté aux salariés se pose avec toujours plus d'acuité.
Selon une étude menée par l'Economist Intelligence Unit (EIU, groupe The Economist) et de Trend Micro, 48 % des cadres européens se déclarent favorables à une libre utilisation des outils technologiques au bureau, tandis que 47 % s'y opposent fermement. Mike Nagle, un des directeurs informatiques de la société agroalimentaire Kellogs Company, se range au nombre des partisans de l'interdiction : « Nous n'autorisons pas pour le moment nos employés à choisir et à utiliser leurs propres dispositifs ou applications sur le lieu de travail. Nous prohibons également l'utilisation des sites de réseaux sociaux de façon sélective et les messageries électroniques personnelles de façon intégrale », explique-t-il. Positionnement inverse à la BBC, où les journalistes sont de fervents adeptes de Twitter et de Facebook pour communiquer entre eux et dénicher des événements ou des acteurs susceptibles de nourrir l'actualité. « La fréquentation abusive des réseaux sociaux en ligne pose davantage un problème d'ordre managérial ou de gestion de ressources humaines que technologique », estime John Linwood, le directeur technique de la BBC, un ancien de Yahoo !
Parce que le recours tous azimuts aux technologies fait peur mais favorise aussi l'innovation et la collaboration avec les partenaires externes, améliore la productivité et dope le moral des employés, de nombreuses entreprises préfèrent opter pour un positionnement à mi-chemin. Et recourir à des applications de réseaux sociaux internes, qui autorisent le partage d'informations entre collègues mais aussi prémunissent contre d'éventuelles indiscrétions externes.
Quelles sont les technologies les plus à risque ? Les applications ou les sites de partage de fichiers en premier lieu, d'après EIU. Près de la moitié des cadres interrogés les considèrent susceptibles de propager des virus et de violer la législation sur les droits d'auteur. Sans compter les risques de ralentissement du travail, voire de pertes de productivité, quand certains téléchargent de la musique ou des vidéos et que d'autres partagent des fichiers. Autre danger potentiel : les ordinateurs portables personnels, en particulier ceux équipés en Wi-Fi ou en connexion haut débit mobile (3G). Si leurs protections sont désactivées ou insuffisantes, ils peuvent faciliter l'ouverture de brèches dans la sécurité du réseau de l'entreprise. Puis viennent, dans l'ordre, les messageries électroniques, les sites de réseaux sociaux, les « smartphones », les sites ou services de blogs, les messageries instantanées, les Netbook et enfin, les téléphones portables ainsi que les wikis et autres sites collaboratifs.
La solution pourrait passer par une formation des utilisateurs et une délégation des responsabilités en matière de sécurité. Mais, pour l'heure, seule une poignée d'entreprises européennes dispense des formations relatives à l'utilisation des réseaux sociaux et des dispositifs de communication personnels sur le lieu de travail ou envisage de le faire.
Retrouvez l'étude de l'Economist Intelligence Unit